L'abécédaire de Charlyne C. // 2nde5 Lycée Bellevue
L'interview de Fabien Toulmé // Charlyne 2nde5 Lycée Bellevue
Le portfolio de Théophile (2nde5 lycée Bellevue) "Odyssées d'hier et aujourd'hui"
Mise en regard L'Odyssée d'Hakim et l'Odyssée d'Homère
L'article de Célia // 2nde6 Lycée Bellevue
La critique d'Inès // 2nde6 Lycée Bellevue
Je trouve que l’Odyssée d’Hakim est une œuvre très intéressante.
En effet, le support utilisé, la bande dessinée, est un moyen original pour faire passer des messages. Elle illustre le texte par des images comme par exemple lorsqu’Hakim décide d’entreprendre son voyage pour le Liban : des dessins de paysage défilent. Aussi, la BD est un support différent des autres pour raconter une histoire. Je trouve qu’il est efficace car il permet de donner une ambiance d’échange entre le narrateur et le lecteur. Le texte et les images semblent s’adresser directement à nous, comme si Hakim nous parlait en face à face. De plus, le thème abordé qui est, comme indiqué dans le titre, un voyage, la bande dessinée a la facilité de donner vie à des évènements à travers une perception visuelle, ce qui aurait été voué à l’échec en prose car certains sentiments, émotions auraient été mis de côté par ce support pas forcément le plus stratégique pour faire passer des messages. Ce support graphique a donc la particularité de raconter et de toucher différemment.
Je trouve que les images ont un réel intérêt pour aborder le sujet poignant du Printemps Arabe. Ainsi, le graphisme incarnait, selon moi, parfaitement le thème de l’histoire qui traite d’une guerre civile. En effet, Fabien Toulmé a fait le choix de couleurs qui témoignent d’une atmosphère désertique, notamment cet orange omniprésent tant dans le décor que dans les paysages. Quelques nuances sont introduites avec le bleu utilisé pour la représentation des personnages. De plus, je qualifie la technique graphique de l’auteur de simple, avec ces traits fins et ronds, ces couleurs minimalistes et les représentations de paysages esquissés. Notre imagination est alors sollicitée pour achever ces dessins. Par ailleurs, l’image porte des messages.Elle permet d’illustrer des évènements ou des émotions que les mots ne peuvent pas décrire ni transmettre. En effet, les images, parfois, parlent d’elles-même et demeurent dans l’optique d’en dire beaucoup dans un genre bref. Par exemple, lorsqu’Hakim, le personnage principal, est arrêté par les autorités et envoyé dans une prison surpeuplée, Fabien Toulmé a opté pour des plans d’ensemble des lieux, sans texte, et j’ai trouvé ce moyen efficace car il renvoie une ambiance très pesante, les mots lui sont arrachés de la bouche et personne d’autre dans la salle n’ose en parler. Les dessins, à ce moment de l’histoire, témoignent des violences à coups de fouet subies par Hakim et par tous les autres détenus. A d’autres moments, les images mettent l’accent sur les policiers qui, étant fonctionnaires du gouvernement, abusent de leur pouvoir. A plusieurs reprises dans la BD, nous apercevons leurs sourires narquois et mesquins. J’ai alors pensé que les images étaient le moyen le plus adéquat pour dénoncer ce genre de situation injuste et scandaleuse.
Ensuite, l’intrigue du livre m’a poussée à la fin de l’histoire. En effet, l’histoire comporte un grand nombre de rebondissements comme le moment où Hakim perd tout son argent en un éclair ou encore lorsque sa jardinerie est réquisitionnée par la police. Ainsi, je ne me suis pas ennuyée car j’ai toujours eu l’envie ardente de continuer le livre afin de prendre connaissance du dénouement et découvrir le sort d’Hakim au fur et à mesure des évènements. Parmi ces rebondissements, je compte aussi le moment où Hakim est arrêté par les autorités alors qu’il n’a fait que rentrer chez lui. Ensuite, l’intrigue a été alimentée par le personnage principal, Hakim Kabdi. Ce personnage m’a beaucoup plu car je l’ai trouvé intéressant et passionnant. C’est une personne qui ne se laisse abattre par aucune situation. Il a beau être allé en prison, avoir perdu tout son argent et ses biens, il reste positif et va de l’avant pour trouver la solution la plus adéquate au problème. Il ne recule devant rien, et n’apprécie pas de s’apitoyer sur son sort. Par exemple, lorsque son patron le licencie, il ne pleure pas ni se dit que sa vie est vouée à l’échec : il se décide à quitter la ville, sa famille, son confort pour envisager un avenir meilleur et sain. J’ai aussi apprécié sa modestie et son honnêteté, notamment lorsqu’il refuse de profiter de l’accueil de son ami -pourtant dans un appartement confortable- et qu’il cherche malgré tout un nouvel endroit pour loger indépendamment. Même s’il prend des risques financièrement mais aussi au péril de sa vie, il quitte le lieu de vie de son ami. Ces traits de caractère et sa manière d’agir et de réagir du personnage donne ainsi un dynamisme à l’histoire qui ne cesse d’évoluer tant dans le bon chemin que dans le mauvais.
L’écriture est également un moyen qui donne du charisme à l’histoire. En effet, Fabien Toulmé a choisi de faire parler directement Hakim. Il est donc le narrateur la plupart du temps. Sa façon de s’exprimer nous est plus familière que si les paroles étaient rapportées. Le niveau de langue est alors courant avec un style d’écriture très proche du lecteur (j’ai rencontré plusieurs interjections familières). L’humour est aussi utilisé pour impliquer le lecteur, notamment lorsque l’auteur et Hakim se rencontrent avant de parler de son odyssée. Des discussions alors personnelles nous sont dévoilées et l’on entre dans l’intimité d’Hakim (sa maison, sa famille, son passé). Le fait que Fabien ait conservé cette manière assez commune et familière de parler propre à Hakim implique le lecteur car cela casse la distanciation qui aurait pu exister si cette BD adoptait une version plus solennelle. Une barrière entre lui et nous est alors brisée, nous nous sentons plus aptes à écouter son histoire, le comprendre. Enfin, le récit ne comporte pas un grand nombre de descriptions, une place dominante est donnée à l’image. Le texte reste très minoritaire par rapport à l’image.
Pour finir, j’ai remarqué une implication directe de l’auteur. En effet, il s’est lui-même représenté dans l’histoire en tant qu’interviewer. Il se rend souvent chez Hakim afin que ce-dernier lui rende compte de son passé. Il arrive qu’il exprime directement ses sentiments, donnant ainsi une dimension de journal intime à la BD. J’ai trouvé sa présence dans l’histoire très intéressante car elle donne du réalisme et montre que les évènements se sont réellement déroulés. Cela conduit aussi à une opposition entre passé et présent : le récit au présent nous dévoile le caractère et la vie personnels des personnages pendant que le passé nous montre les évènements qui ont fait qu’Hakim est l’homme qui nous est présenté au présent. Nous remarquons ainsi qu’Hakim a beaucoup changé entre le moment où il nous raconte son histoire et la personne décrite qui a vécu ce passé. Nous voyons apparaître les enfants qu’il a eus avec la femme qui est citée à plusieurs moments dans son récit. J’ai trouvé cela émouvant.