Chère Maryam, je vous avoue qu'écrire le début de cette lettre ne m’inspire pas et que je n’arrive point à la commencer -sûrement parce que je ne suis pas écrivaine. Je vais quand même me lancer en décrivant mes sentiments et mon ressenti à propos de votre livre. J’ai découvert votre œuvre lors d’un concours auquel ma classe participait qui consistait à lire plusieurs livres et ensuite à choisir celui qui nous a plu -et marqué dans mon cas. Ce n’est pas votre livre qui m’a attirée en premier car la couverture ne m’intriguait pas et c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle je ne l’ai pas emprunté dès le début- même si ce n’est qu’une illustration et qu’elle ne change en aucun cas l’écriture du livre, elle n’a pas interpellé mon cerveau ou alors pas comme il fallait. Mais après lui avoir laissé le temps de réflexion nécessaire, j’ai finalement emprunté votre œuvre. Le résumé ne m’a pas beaucoup donné d’informations et c’est ce qui m’a plu. Dès le début, votre écriture m’a plu et intéressée. Pour moi, vous faites partie des auteurs qui écrivent d’une manière «agréable», je m’explique : dès que vous prenez un stylo (un ordinateur, ou autre) vous écrivez d’une belle manière, ce n’est pas forcément plus clair, mais je ne sais comment décrire ce style d’écriture autrement qu’en utilisant le mot «agréable». Votre livre m’a fait réfléchir et c’est ce que j’attends quand je commence la lecture d’un récit. Il m’a fait réfléchir sur les multiples inégalités qui existent, celles qu’on voit, celles qu’on ne voit pas, celles qu’on comprend ou celles qu’on essaie de comprendre. Il m’a fait réfléchir sur le fait que ça ne peut faire de mal à personne de se mettre a la place de quelqu’un et de se poser des questions sur sa vie ou sur les conditions de notre existence.
Je vous remercie donc de m’avoir donné à réfléchir à tous ces sujets. Cordialement Mathilde
La critique de Lily // Lycée Bellevue // 2nde2
(le texte sur l'affiche) Ce roman est un récit autobiographique de Maryam Madjidi : nous la suivons de son enfance dans une banlieue populaire de la région parisienne, Drancy, à ses études supérieurs à Paris. Maryam est d’origine Iranienne. Elle et sa famille, réfugiés politiques, vivent maintenant en France.
L’auteure s’exprime avec deux voix différentes. La première, celle que nous lisons la majeure partie du temps, s’exprime avec une touche humoristique et beaucoup d’autodérision. Elle nous parle particulièrement de ses complexes, ses conflits avec les autres jeunes, avec ses parents, avec cette cité où elle se sent comme emprisonnée… La deuxième voix est celle des passages en italiques qui sont placés pour faire réfléchir le lecteur et le plonger dans l’histoire de cette jeune fille. Mais pour la majeure partie d’entre eux, ce n’est pas au lecteur qu’elle s’adresse. Elle parle à cette cité où elle a grandi. Ces textes là sont biens plus profonds et touchants que la façon dont le reste de son histoire est retracée. Malgré la dimension humoristique de celle-ci, Maryam aborde des sujets compliqués, comme le harcèlement scolaire, être étranger en France, grandir dans une cité et d’autant plus, être une femme dans une cité. Elle subit plusieurs fois du harcèlement de rue, des insultes, même par des enfants plus jeunes qu’elle. Elle aborde aussi le manque d’accès à l’éducation, du moins à une vraie éducation. Un bac dans son lycée ne valait rien. Etre la meilleure de sa promo ? Cela ne suffit pas quand on ne vous prépare pas aux vraies études. Depuis son plus jeune age l’envie de fuir cet endroit l’a amenée à beaucoup lire et à être une élève brillante. Mais malgré tout, la seule raison pour laquelle elle a été prise en fac de Lettres est la suivante : les quotas. Cette adolescente, ayant voulu s’enfuir toute sa vie et qui croit avoir réussi, se retrouve donc frappée par la dure réalité. Cette réalité qui la ramène toujours au même endroit : cette cité. Elle en vient donc à la même conclusion que le lecteur, ce n’était pas la cité qu’elle essayait de fuir mais en réalité elle même. Durant toutes ces années à vouloir y échapper, elle nous partage tout de même certains moments magnifiques durant lesquels la vie s’arrête quelques instants.
« C’était une belle nuit claire de juillet. […] J’ai vu quatre jeunes de cité, de beaux lascars assis dans une voiture aux portières et aux fenêtres ouvertes en train de fumer des pétards. Ils avaient une trentaine d’années et des gueules de durs. Ils écoutaient les yeux fermés Céline Dion. « Pour que tu m’aimes encore ». « J’ai compris par ici, j’ai bien compris merci, Raisonnable et nouveau, c’est ainsi par ici Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané Que le temps d’avant, c’était le temps d’avant Que si tout zappe et lasse, les amours aussi passent. » » Ce passage là fait directement écho au titre, les paroles de cette chanson de Céline Dion qui ont une signification très forte de l’amour. Maryam joue justement là dessus et décide de les changer un peu, pour, elle, parler d’amour propre. Il est aussi très important au milieu de ce roman car il nous montre une réalité très différente de celle qu’elle nous livre tout au long du roman. Elle nous présente ici des jeunes à la gueule dure écoutant juste une chanson d’amour les yeux fermés. Elle partage avec nous une pointe d’espoir et des moments où le temps est juste figé. Ces moments dont elle a tant besoin.
Je trouve que ce que l’auteure a voulu transmettre comme message est très important. A force de vouloir fuir trop d’éléments de notre vie, on finit par se fuir soi-même. Elle nous aide à comprendre comment elle en est arrivée là en nous démontrant aussi que la confiance en soi est la clef qui lui a manqué durant tant d’années. Je me suis beaucoup retrouvée dans son histoire, et malgré les différences d’âge ou encore de classe sociale que l’on peut avoir avec l’auteure, elle transmet quelque chose qui nous parle à tous et, a dû faire réfléchir tous les lecteurs. Je pense que c’était le but pour cette femme de partager son histoire qui nous fait ouvrir les yeux sur de nombreuses choses de la nôtre.